Document de travail

 

Les fonctionnaires face aux médias et à la classe politique

Les observateurs les plus expérimentés des institutions gouvernementales s’entendent pour affirmer que les rapports entre les fonctionnaires et la classe politique sont aujourd’hui plus tendus que jamais. Une situation qui témoigne en partie de la perte de confiance de la population à l’égard des politiciens et de l’ensemble du secteur public, observée depuis quelques dizaines d’années dans toutes les démocraties avancées. Mais cette tendance est encore plus marquée au Canada. C’est ainsi que depuis leur retour au pouvoir après 13 années dans l’opposition, les conservateurs entretiennent avec la fonction publique et les médias des rapports difficiles (comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances) que certains qualifieraient même d’antagonistes. De surcroît, les révélations sur la conduite douteuse d’une poignée de fonctionnaires (clairement illustrée par le scandale des commandites et ses retombées mais aussi par d’autres affaires) ont renforcé la méfiance à l’endroit des institutions publiques.

Parmi de nombreux cas de tension entre les fonctionnaires et les élus dont ils relèvent à tous les niveaux de gouvernement, citons ces récents exemples :

L’explosion des créneaux médiatiques (aussi bien en ligne, où les blogues politiques gagnent chaque jour en popularité, que dans la presse écrite et électronique traditionnelle) et la concurrence qu’ils se livrent pour attirer lecteurs et téléspectateurs ont amplifié l’impact de ce genre de démêlés entre élus et fonctionnaires, transformant ce qui pouvait relever autrefois de simples escarmouches en affaires démesurées qui relèguent au second plan d’importants débats publics et privés sur des questions de fond.

Coincée entre cette méfiance grandissante et l’examen pointilleux de ses moindres gestes, comment la fonction publique peut-elle remplir de façon professionnelle et impartiale son double rôle d’opérationnalisation des initiatives stratégiques du gouvernement au pouvoir et de prestation en toute franchise d’avis sur les conséquences à moyen et long terme de ces initiatives ? Désormais scrutés à la loupe, les fonctionnaires devront-ils s’armer d’une carapace ? Dans quelle mesure la diversité et le franc-parler des médias favorisent-ils ou entravent-ils l’efficacité de la gouvernance ? La classe politique compte-t-elle trop sur la collaboration d’acteurs externes pour mettre en œuvre son action ?

Joignez-vous à nous pour débattre de ces questions et de plusieurs autres touchant les relations entre fonctionnaires, politiciens et médias, de même que leur incidence sur l’élaboration des politiques canadiennes et la confiance du public à l’égard du gouvernement. Présidée par Kevin Lynch, qui a conclu une brillante carrière de 33 ans dans la fonction publique fédérale au poste de greffier du Conseil privé (2006 à 2009), cette conférence rassemblera un éminent groupe de personnalités politiques, de fonctionnaires et de journalistes qui examineront la situation actuelle et les changements susceptibles de raffermir la confiance du public et d’aider les gouvernements canadiens de tous niveaux à s’acquitter plus efficacement de leurs missions respectives.

Jeremy Leonard, directeur de recherche à l’Institut de recherche en politiques publiques, un groupe de réflexion basé à Montréal, sera le rapporteur de la Conférence Palmer 2010.