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Document de travail

 

Les fonctionnaires face aux médias et à la classe politique

Les observateurs les plus expérimentés des institutions gouvernementales s’entendent pour affirmer que les rapports entre les fonctionnaires et la classe politique sont aujourd’hui plus tendus que jamais. Une situation qui témoigne en partie de la perte de confiance de la population à l’égard des politiciens et de l’ensemble du secteur public, observée depuis quelques dizaines d’années dans toutes les démocraties avancées. Mais cette tendance est encore plus marquée au Canada. C’est ainsi que depuis leur retour au pouvoir après 13 années dans l’opposition, les conservateurs entretiennent avec la fonction publique et les médias des rapports difficiles (comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances) que certains qualifieraient même d’antagonistes. De surcroît, les révélations sur la conduite douteuse d’une poignée de fonctionnaires (clairement illustrée par le scandale des commandites et ses retombées mais aussi par d’autres affaires) ont renforcé la méfiance à l’endroit des institutions publiques.

Parmi de nombreux cas de tension entre les fonctionnaires et les élus dont ils relèvent à tous les niveaux de gouvernement, citons ces récents exemples :

  • Lors d’une entrevue diffusée en juin 2010 à la SRC, le directeur du CSRS Richard Fadden a affirmé sans les nommer que certains politiciens provinciaux et municipaux subissent l’influence excessive d’agents étrangers. Il a aussitôt été critiqué pour avoir émis ces commentaires avant que l’enquête sur la question soit menée à bien et qu’on informe de ses conclusions le premier ministre et les ministres concernés.

  • Kevin Page, le sceptique directeur parlementaire du budget, a publiquement contredit le gouvernement à propos de l’exactitude des prévisions budgétaires de cinq ans du ministre des Finances mais aussi de la portée qu’on devrait donner à la publication de ses rapports. Il a de plus a franchi une étape sans précédent en dénonçant ouvertement les compressions budgétaires que pourrait subir l’agence qu’il dirige, une sortie dictée selon de nombreux médias par des motivations politiques.

  • Au Québec, l’ancien ministre de la Justice Marc Bellemare a affirmé que le premier ministre Jean Charest avait permis en toute connaissance de cause aux collecteurs de fonds du Parti libéral provincial d’influer sur la sélection des juges, accusation à laquelle M. Charest a réagi en intentant contre lui une action pour libelle.

  • Peu après son arrivée au pouvoir en Saskatchewan, Brad Wall a licencié de nombreux fonctionnaires dont beaucoup comptaient des dizaines d’années d’expérience et n’avaient aucun lien politique. La Commission de la fonction publique de la Saskatchewan a invalidé au moins un de ces licenciements.

  • À Montréal, des allégations de truquages d’offre, de favoritisme et d’importants dépassements de coûts lancées fin 2009 relativement à un contrat de compteurs d’eau ont provoqué la résiliation du contrat et la démission de deux directeurs municipaux, entraînant la mise de côté d’un judicieux objectif de conservation des eaux.

L’explosion des créneaux médiatiques (aussi bien en ligne, où les blogues politiques gagnent chaque jour en popularité, que dans la presse écrite et électronique traditionnelle) et la concurrence qu’ils se livrent pour attirer lecteurs et téléspectateurs ont amplifié l’impact de ce genre de démêlés entre élus et fonctionnaires, transformant ce qui pouvait relever autrefois de simples escarmouches en affaires démesurées qui relèguent au second plan d’importants débats publics et privés sur des questions de fond.

Coincée entre cette méfiance grandissante et l’examen pointilleux de ses moindres gestes, comment la fonction publique peut-elle remplir de façon professionnelle et impartiale son double rôle d’opérationnalisation des initiatives stratégiques du gouvernement au pouvoir et de prestation en toute franchise d’avis sur les conséquences à moyen et long terme de ces initiatives ? Désormais scrutés à la loupe, les fonctionnaires devront-ils s’armer d’une carapace ? Dans quelle mesure la diversité et le franc-parler des médias favorisent-ils ou entravent-ils l’efficacité de la gouvernance ? La classe politique compte-t-elle trop sur la collaboration d’acteurs externes pour mettre en œuvre son action ?

Joignez-vous à nous pour débattre de ces questions et de plusieurs autres touchant les relations entre fonctionnaires, politiciens et médias, de même que leur incidence sur l’élaboration des politiques canadiennes et la confiance du public à l’égard du gouvernement. Présidée par Kevin Lynch, qui a conclu une brillante carrière de 33 ans dans la fonction publique fédérale au poste de greffier du Conseil privé (2006 à 2009), cette conférence rassemblera un éminent groupe de personnalités politiques, de fonctionnaires et de journalistes qui examineront la situation actuelle et les changements susceptibles de raffermir la confiance du public et d’aider les gouvernements canadiens de tous niveaux à s’acquitter plus efficacement de leurs missions respectives.

Jeremy Leonard, directeur de recherche à l’Institut de recherche en politiques publiques, un groupe de réflexion basé à Montréal, sera le rapporteur de la Conférence Palmer 2010.